À Bukavu, Wivine Munyerenkana incarne une nouvelle génération de femmes entrepreneures. Enseignante à l’Institut Kasali, elle a su concilier sa passion pour l’éducation avec son désir de créer de la valeur économique. En lançant sa propre entreprise de fabrication de saucisses, elle démontre que l’entrepreneuriat est un levier puissant pour l’autonomisation des femmes.
Diplômée en sciences de l’éducation à la paix, Wivine Munyerenkana a toujours été animée par le désir de contribuer au développement de sa communauté. En 2022, elle décide de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale en créant « L’ Établissement La Perfection », une entreprise spécialisée dans la transformation. Formatrice en techniques de perlage (fabrication des paniers, plumiers, sous-plats, sous-verres, sous-tasses, porte-clés, porte-stylos, porte-fleurs, porte-fruits, chapelets, bracelets, placage des babouches à base de perles). Mais également elle a suivi une formation pour la fabrication des saucisses, un choix audacieux dans un secteur traditionnellement dominé par les hommes.
« Ce qui m’a particulièrement intéressée dans l’entrepreneuriat, c’est de trouver ma place en tant que femme. Après avoir observé que ce domaine était majoritairement masculin, j’ai décidé de me lancer dans la fabrication de saucisses pour vérifier si des obstacles spécifiques empêchaient les femmes de s’y investir. J’ai commencé par suivre une formation et, convaincue des bénéfices que cela pouvait apporter, je me suis pleinement engagée dans ce projet. »
En optant pour la fabrication de saucisses, Wivine Munyerenkana a souhaité déconstruire les stéréotypes de genre et montrer que les femmes peuvent exceller dans tous les domaines. Malgré les défis liés à la pénibilité du travail et au manque de soutien financier, elle a persévéré, motivée par le désir de créer des opportunités pour les femmes et de promouvoir les produits locaux.
« C’est un travail qui demande beaucoup de force physique, surtout lorsqu’on le fait à la main, et qui peut être très fatigant.
J’encourage les jeunes filles à se lancer et à briser les stéréotypes. Il n’y a pas de métiers réservés aux hommes. Je les invite à se lancer dans la fabrication et la vente de saucisses.
Je suis très fière de voir les gens apprécier mes produits. Cela me valorise et me confirme que j’ai choisi le bon chemin. C’est une activité très enrichissante. »
Parallèlement à son activité entrepreneuriale, Wivine Munyerenkana transmet sa passion pour l’entrepreneuriat à ses élèves. Elle a mis en place des ateliers de fabrication de paniers pour leur apprendre les bases de la création d’entreprise et les encourager à devenir des actrices de leur propre avenir.
Si Wivine Munyerenkana a réussi à s’imposer dans un secteur concurrentiel, elle fait face à de nombreux défis. Le manque de financement, l’accès limité aux marchés et la concurrence des produits importés sont autant d’obstacles qu’elle doit surmonter.
Pour soutenir Wivine Munyerenkana et les autres femmes entrepreneures de Bukavu, il est essentiel de promouvoir la consommation locale et de renforcer les écosystèmes entrepreneuriaux. Les pouvoirs publics, les organisations de la société civile et le secteur privé ont un rôle important à jouer dans l’accompagnement de ces initiatives.
Mitterrand Rukozo
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