Bukavu s’est réveillée ce lundi 17 février 2025 avec un visage double, au lendemain de l’occupation par le M23/AFC ce dimanche 16 février.
Un retour timide à la normale
Une partie de la population a repris ses activités. Certains ont surmonté la peur, tandis que d’autres sont restés cloîtrés chez eux.
Très tôt, les chrétiens catholiques se sont rendus à la messe et d’autres ont fréquenté leurs lieux de culte. Des mouvements de personnes et quelques activités commerciales étaient visibles dans les trois communes du chef-lieu de la province du Sud-Kivu.
Constat dans les communes
Votre rédaction a effectué un tour des communes pour constater la situation.
Kadutu :
Du rond-point Carrefour jusqu’au marché Kadutu, le mouvement de personnes était observable comme d’habitude. À l’intérieur du marché, les étalages étaient presque vides, avec seulement quelques vendeurs de médicaments, de viande, de fretins et de légumes.
Les propriétaires de dépôts et de magasins pillés la nuit précédente sont venus constater les dégâts. Certains n’ont rien retrouvé, tandis que d’autres ont eu la chance de voir leurs biens épargnés grâce à un comité de jeunes qui s’est organisé pour protéger les dépôts non pillés.
Les victimes des pillages par certains habitants inciviques étaient tristes et désolées.
Furaha Mudekereza, vendeuse d’habits dont le dépôt a été entièrement pillé, était inconsolable : « Mon Dieu, comment vais-je faire face à ce qui m’arrive ? Cet argent était un crédit, Seigneur, viens à mon aide », pleure-t-elle.

Dans la Commune d’Ibanda par exemple :
Plusieurs piétons étaient visibles sur la route dite chez Kibonge jusqu’au rond-point Major Vangu. Au rond-point, des vendeurs étaient installés sur les étals de la route. Les transports étaient également présents : bajaj, motos, taxis et quelques bus desservaient les quartiers Essence Cahi et Panzi jusqu’à Kamagema.
À l’abattoir de Ruzizi II Elakate, quelques personnes étaient présentes, mais sans activité. La frontière Ruzizi II était quasi vide, sans personne ni militaire. Seuls les policiers rwandais étaient visibles de loin.
Vers Quartier Latin, quelques boutiques étaient ouvertes et les activités se déroulaient normalement, avec la présence de quelques voitures de la Croix-Rouge.
À Nyawera, le marché était très animé, avec des attroupements de personnes visibles au rond-point place Munzihirwa. Quelques boutiques étaient fermées.
Sur le boulevard Emery Patrice Lumumba, les taxis motos, les voitures et les taxis bus étaient visibles sur les artères principales, mais presque toutes les stations-service étaient fermées.
Dans la Commune de Bagira :
Le marché de Brasserie était vide, avec très peu de moyens de transport, à l’exception de quelques taxis motos, bajaj et bus. Les habitants étaient assis devant les boutiques fermées, buvant de la bière.
Hausse des prix et inquiétude
Dans les trois communes, les moyens de transport étaient négociés selon l’humeur de chaque conducteur. Le prix des carburants a été revu à la hausse, passant de 3 500 à 8 000 francs congolais le litre, ce qui a entraîné une augmentation du prix des courses.
Après l’occupation de Bukavu par le M23/AFC, la population s’interroge sur son sort dans les jours à venir, mais en attendant, le trafic sur le lac Kivu a été autorisé.
Mitterrand Rukozo
More Stories
Bukavu : explosion des grenades à la place du 24, l’AFC/M23 accuse Félix Tshisekedi
Bukavu : l’ONG ICAF alerte sur les dangers de la consommation abusive de Plumpynut
Bukavu : la reprise fragile du commerce, entre peur et difficultés