La ville de Bukavu s’est réveillée ce samedi 15 février 2025 entre panique et calme, suite à l’attaque du M23 du territoire de Kalehe en direction de Kabare (Kavumu) en moins de 24 heures. Les rebelles ont occupé l’aéroport de Kavumu.
Les combats entre les forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et les rebelles du M23/RDF se sont poursuivis hier, 14 février 2025. Après un échange de tirs dans le territoire de Kalehe jusqu’à Kabare, les FARDC ont reculé jusqu’à l’aéroport de Kavumu. Une fois arrivés à l’aéroport, le commandant des opérations, le général Pacifique Masunzu, aurait ordonné aux FARDC de se replier.
La Population en Émoi
Les FARDC se sont dirigées vers une destination inconnue, laissant la ville sans gouvernance. Les prisonniers de la prison centrale se sont évadés, laissant la population à leur merci. Quelques heures plus tard, des coups de feu ont été entendus dans la ville la nuit du 14 et toute la journée du 15 février 2025, semant la peur parmi les habitants.
Au petit matin, la confusion régnait quant à savoir qui contrôlait la ville : les FARDC ou les rebelles du M23. Toute la matinée, la ville était déserte, sauf pour quelques rares passants. Seuls les crépitements des balles résonnaient au Camp Saïo, place de l’Indépendance, marché Kadutu, à l’Essence Major Vangu et dans d’autres coins de la ville.
Pillages et Désolation
Selon le constat fait par votre rédaction dans la journée de ce samedi 15 février, des dépôts ont été pillés et brûlés par certains habitants. Nous avons rencontré des jeunes au sein du marché qui se sont constitués en comité pour empêcher que d’autres dépôts et magasins ne soient pillés.
Guillain Bitaki, un habitant de Nyamugo et l’un des jeunes volontaires, nous a raconté le déroulement des pillages dans le marché : « Nous sommes ici pour sécuriser les dépôts qui n’ont pas été touchés et c’est la raison pour laquelle vous voyez les jeunes se constituer en comité pour passer la nuit ici et protéger ces dépôts non encore touchés. Si Dieu nous aide, nous allons appeler dimanche les propriétaires pour venir récupérer leurs biens. » a t-il témoigné.
Et d’ajouter : « Hier, nous avons vu des gens en tenue militaire qui ont commencé à tirer des balles pour piller à 21 heures et nous sommes arrivés à 7h. Nous avons interdit la population, mais ça n’a pas été facile. Nous avons fait de notre mieux. »
Situation Toujours Tendue
Aux environs de 13 heures, les crépitements de balles se faisaient encore entendre sur l’avenue Industrielle et à l’ISGEA. Plusieurs jeunes ont ramassé des armes abandonnées par les militaires à l’Industrielle, au TP, au Camp Saïo et à l’Essence pour piller les dépôts et magasins. Dans les trois communes, de nombreux biens ont été pillés par la population en complicité avec ces jeunes. Par exemple, le dépôt de DATCO, situé à l’Industrielle, où ils faisaient payer 1000 FC à chaque personne qui voulait piller.
Dans la commune de Bagira, le dépôt du Programme Alimentaire Mondial a été complètement vidé. La Bralima n’a pas été épargnée non plus, son entrepôt situé à Bwindi ayant été vidé par la population.
Dans la commune d’Ibanda, ces jeunes ont pris d’assaut Nyawera et Nguba, ouvrant les maisons commerciales pour piller. Vers le Camp SNEL, Brigigno et un quartier, les jeunes du quartier ont bravé la peur et ont pris dix armes à ces jeunes semeurs de troubles.
Jusqu’à ce soir, la ville est restée sans autorités politico-administratives ni militaires, encore moins les rebelles du M23/AFC. La situation reste à suivre de près.
Mitterrand RuKozo
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